L’ÉDITORIAL / Numéro 99
4e Trimestre
2024
Salariés, restons vigilants et solidaires face aux défis à venir.
Au 1er novembre 2024, le SMIC horaire sera relevé à 11,88 euros, contre 11,65 euros précédemment. Cette augmentation anticipée de 2 % répond en partie à l’inflation qui pèse toujours plus sur le pouvoir d’achat des salariés. Parallèlement, le minimum garanti progresse de 1,6 %. Si ces mesures apportent une légère bouffée d’oxygène, elles ne suffisent pas à répondre aux besoins croissants des salariés les plus fragiles face à un contexte économique instable.
Notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC tire la sonnette d’alarme : dans trop de branches d’activité du secteur de la construction, les fédérations patronales pratiquent un alignement systématique des salaires minima des premiers niveaux de qualifications sur le SMIC. Ce constat, regrettable et préoccupant, appelle une réaction urgente pour mieux reconnaître les compétences des salariés et renforcer l’attractivité des métiers.
Aligner les premiers niveaux de rémunération sur le SMIC envoie un signal négatif aux salariés, notamment ceux qui possèdent des qualifications spécifiques. Une telle pratique revient à dévaloriser leur savoir-faire, leurs compétences et les efforts fournis pour se former. Les métiers du bâtiment et de la construction exigent des compétences variées et pointues, indispensables à la réalisation d’ouvrages complexes et à la sécurité des chantiers.
Or, rémunérer au SMIC les salariés des premiers niveaux de qualification efface la reconnaissance de ces compétences et décourage ceux qui souhaitent progresser ou se perfectionner. Cette tendance alimente un sentiment d’injustice et de démotivation, qui pèse sur le moral et la fidélisation des salariés du secteur.
Dans un contexte où la construction peine à recruter, aligner systématiquement les minima sur le SMIC contribue à affaiblir l’attractivité de ce secteur essentiel à l’économie française. Face à d’autres métiers offrant des rémunérations plus attractives, la construction risque de voir ses effectifs diminuer encore davantage.
Pour notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC, il est impératif de proposer des salaires à la hauteur des qualifications exigées. Maintenir des minima salariaux trop bas décourage les jeunes générations d’entrer dans ces métiers et freine les reconversions professionnelles, pourtant essentielles dans un secteur en pleine mutation (défis environnementaux, nouvelles technologies de construction).
Par ailleurs, pendant que le SMIC augmente, d’autres décisions pourraient venir fragiliser certaines populations de salariés. Les projets de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et de finances (PLF) pour 2025 prévoient des mesures inquiétantes :
La réduction des exonérations sur les bas salaires, qui pourrait peser sur l’emploi dans les petites entreprises.
L’augmentation des charges salariales pour les apprentis, fragilisant l’accès à la formation et à l’insertion professionnelle des jeunes.
Le report de l’indexation des pensions de retraite, qui risque de pénaliser encore davantage nos retraités déjà impactés par la baisse de leur pouvoir d’achat.
Ces décisions, si elles sont confirmées, pèseront directement sur les salariés et leurs familles, creusant un peu plus les inégalités sociales.
À cela s’ajoute une instabilité politique préoccupante. Les tensions institutionnelles et économiques fragilisent l’avenir et menacent la cohésion sociale. Les salariés, en première ligne, risquent de payer le prix fort de ces turbulences. Dans un tel climat, nous devons rester unis, informés et mobilisés pour défendre nos droits.
Face à ces défis, notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC sera présente à vos côtés. Nous continuerons à vous défendre avec détermination, à exiger des mesures justes et équitables pour les salariés, et à privilégier le dialogue social pour construire des solutions durables.
Ensemble, restons vigilants et solidaires pour préparer un avenir où chaque salarié sera respecté et protégé.
Caroline TYKOCZINSKY,
Secrétaire Générale
