L’ÉDITORIAL / Numéro 102

3e Trimestre

2025

Chaleur, apprentissage, conditions de travail : la Fédération BATI-MAT-TP CFTC tire la sonnette d’alarme

Face à la canicule : protéger, pas subir

Alors que les épisodes de chaleur extrême deviennent la norme estivale, une question essentielle s’impose : jusqu’à quand faudra-t-il tolérer l’intolérable ?

Notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC le réaffirme avec force : la santé des salariés ne peut être sacrifiée sur l’autel de l’adaptation climatique. Le décret n°2025-482 et l’arrêté ministériel du 27 mai 2025, publiés au Journal Officiel, marquent certes un progrès réglementaire. Mais la réalité du terrain, elle, reste souvent préoccupante : horaires rigides, équipements inadaptés, zones d’ombre inexistantes, accès à l’eau insuffisant.

Le récent élargissement du régime de chômage intempéries aux vagues de chaleur (décret n°2024-630) représente un premier pas, que notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC salue. Ce mécanisme permet désormais d’indemniser les salariés contraints d’interrompre leur activité en cas de fortes chaleurs – à condition toutefois de respecter des critères très stricts.

Cependant un problème persiste : le chômage intempéries entraîne une baisse de rémunération pour les salariés concernés. Une double peine pour ceux qui subissent déjà des conditions de travail dégradées.

Notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC demande une refonte ambitieuse de la prévention liée aux chaleurs extrêmes dans le BTP, avec :

  • Encadrement clair des températures maximales de travail, au-delà des simples recommandations ;
  • Droit de retrait facilité en cas de risque thermique avéré ;
  • Inspections du travail renforcées sur les périodes à risque ;
  • Revalorisation du chômage intempéries, pour garantir une indemnisation à 100 % du salaire net ;
  • Création d’un fonds de prévention spécifique pour adapter les chantiers (zones d’ombre, pauses renforcées, équipements rafraîchissants…).

Travailler, oui. Risquer sa vie pour un chantier, jamais.

Apprentissage : ne pas sacrifier la jeunesse sur l’autel de l’économie

En parallèle, le décret n°2025-174 du 22 février 2025 modifie l’Aide unique à l’apprentissage. Désormais recentrée sur la première année de contrat et les niveaux de formation jusqu’au bac, cette réforme marque un recul en matière de soutien à l’alternance.

Si cette mesure peut paraître cohérente au regard de l’objectif de favoriser l’accès à la formation pour les publics les moins qualifiés, elle ne doit pas masquer l’essentiel : l’apprentissage est un investissement social, pas une simple dépense budgétaire.

Notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC défend une politique ambitieuse et équilibrée pour l’alternance :
Maintien d’un soutien financier sur l’ensemble du parcours, au-delà de la première année ;
Contrôle accru des employeurs, pour éviter les dérives de flexibilité ou les contrats jetables ;
Accompagnement global des apprentis : logement, transport, soutien psychologique, accès à la santé ;
Valorisation des initiatives vertueuses, comme le dispositif d’aide aux apprentis de PRO BTP, qui combine soutien financier et accompagnement social.

L’alternance ne doit pas être un sas précaire vers le marché du travail, mais un tremplin vers des carrières solides et choisies.

En conclusion : un syndicalisme de propositions et de vigilance

Chaleurs extrêmes, précarisation de l’alternance, tension sur les conditions de travail : les défis s’accumulent, mais notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC reste mobilisée.

Notre vision est claire : un syndicalisme de solutions, ancré dans le réel, proche du terrain, capable de dire non quand c’est nécessaire, mais toujours porteur d’alternatives concrètes.

 

Caroline TYKOCZINSKY,
Secrétaire Générale

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