L’ÉDITORIAL / Numéro 97

3e Trimestre

2024

Pour notre Fédération BATI‑MAT‑TP CFTC la récente création du Fonds d’Investissement dans la Prévention de l’Usure professionnelle (FIPU), instauré dans le cadre de la loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, représente une avancée significative pour le monde du travail.

Ce fonds, destiné à réduire l’exposition aux risques liés aux contraintes physiques, s’inscrit dans une démarche plus large de renforcement de la prévention des risques professionnels et de préservation de la santé des salariés. Les défis ergonomiques posés par les manutentions manuelles de charges, les postures pénibles et les vibrations mécaniques sont des réalités qui affectent des milliers de salariés au quotidien, souvent dans l’indifférence générale.

À la Fédération BATI-MAT-TP CFTC, nous saluons cette initiative qui, bien que tardive, répond à un besoin crucial : celui de protéger ceux qui, chaque jour, travaillent au prix de leur santé physique. Cependant, si ce fonds est un pas dans la bonne direction, il ne doit pas devenir un écran dissimulant l’absence d’une politique plus ambitieuse et systémique de prévention des risques au travail.

Pour notre Fédération BATI‑MAT‑TP CFTC, d’un point de vue opérationnel, il est impératif que les dossiers déposés en ligne sur le site «Net-entreprises» soient traités avec la plus grande diligence par les caisses régionales et que les entreprises bénéficiaires utilisent ces fonds pour des actions concrètes et efficaces de prévention.

Alors que le fonds pour la prévention des risques professionnels se met en place, une autre réforme d’importance vient bouleverser l’équilibre fragile des droits des salariés : celle du Compte Personnel de Formation (CPF). Le 19 février 2024, le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, a présenté une réforme qui va directement à l’encontre de l’esprit initial du CPF. Désormais, les salariés devront contribuer financièrement à leur propre formation, avec un reste à charge de 100 euros par session de formation à partir de mai 2024.

Si cette mesure peut sembler anodine pour certains, pour notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC cette réforme représente en réalité une régression sociale majeure.
Le CPF, conçu comme un outil d’émancipation professionnelle et de sécurisation des parcours professionnels, permettait aux salariés de se former tout au long de leur vie sans subir de contraintes financières directes. Imposer une participation forfaitaire risque de freiner l’accès à la formation pour les salariés les plus précaires, ceux-là mêmes qui auraient le plus besoin de se former pour évoluer dans leur carrière ou se reconvertir.

Notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC s’insurge contre cette mesure, qui s’apparente à une forme d’injustice sociale. Il est inacceptable que, dans un contexte de mutations économiques profondes et d’instabilité du marché de l’emploi, les salariés soient contraints de payer pour maintenir leur employabilité. Nous exigeons que le gouvernement revoie cette réforme et maintienne le CPF dans sa vocation première : celle d’un droit inaliénable à la formation, accessible à tous sans conditions financières.

Dans un contexte où les réformes se multiplient, souvent au détriment des salariés, il est plus que jamais nécessaire de faire entendre la voix des salariés.

La santé et la sécurité au travail, tout comme l’accès à la formation, ne doivent pas être des variables d’ajustement des politiques publiques, mais des priorités absolues. Notre Fédération BATI-MAT-TP CFTC réitère son engagement pour défendre ces droits et rappelle au gouvernement que toute réforme doit être menée dans un souci de justice sociale et d’équité.

En ces temps de transformation profonde, où l’évolution du monde du travail est marquée par des défis nouveaux, nous devons rester vigilants et actifs. C’est en étant unis et déterminés que nous pourrons garantir un avenir où la santé des salariés et leur droit à la formation seront réellement protégés et valorisés.

Nous remercions l’ensemble des militants qui se mobilise avec nous pour défendre ces acquis essentiels.

Caroline TYKOCZINSKY,
Secrétaire Générale

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